Un Ermite arrive chez les Beldariens

[Einmana]

Marchant seul dans un port non loin du Golf des Naufragés, un Ermite, tout de gris vêtu, une petite hermine sur l'épaule, regardait le vas et viens constant des matelots.

Ne voulant se mêler a la foule, il sauta dans une barque pour fuir une fois encore la civilisation.

Après plusieurs heures de navigation, Einmana accosta sur une plage.
Il venait d'arriver sur l'île de Beldara.

La pensant tout d'abord inhabité, il se rendit vite compte de son erreur. La peine envahit son visage.

Lui qui fuyait la présence humaine, se retrouvé entouré de personne qui voulait lui parler... Prenant sur lui, il fit la connaissance de plusieurs seigneurs et il comprit que ce n'était pas des guerrier, il ne vivait pas pour la guerre et le sang... Il se sentit chez lui.

Il se mit donc a construire sa maison et ouvrit une galerie de tableau.
Einmana aimait peindre.

[Djaal]

Deux voluptueuses damoiselles aux formes aiguisées par les arts de la guerre, mises en valeur par de seillants pourpoints de cuir, éludés pour ces latitudes bien trop clémentes, se tiennent non loin de la demeure de l’ermite...

Ces belles élancées aux gestes précis, sûrs, et néanmoins emprunts d'une sensualité polaire, portent au côté, lames d'ébène aux fourreaux oubliés, à l'épaule un arc court aux inflexions de cornes d'Onix, au dos carquois aux fléches barbelées d'acier. Un catoban pourpre à leurs cheveux interminables couleur de nuit, réhausse la beauté de ces anges, qui font comme un écrin sensuel à leur Seigneur. Et pourtant leur présence laisse une légère forme d’angoisse…

Contraste troublant et déconcertant, cette masse herculéenne, arborant une armure chaotique aux temps passés, usée que d'avoir tant servie les guerres et les affres des plaines de sang. Heaume aux cornes en dents d'un dragon oublié, percé d'un regard aussi rougeoyant que les braises d'un feu qui se meurt doucement, le Saigneur Djaal observe en silence les toîles de l’ermite.

Le Saigneur Djaal enlève de ses mains, les lourds sextux à l’acier froissé, où les marques sont autant de mémoires de combats passés, il fait tourner ses gantelets quelques instants… Puis se décide à les enlever… Ce sont des mains massives, à la peau rêche et usée par le temps et les embruns ou certaines phalanges portent encore les traces d’engelures, des paume aux cales épaisses qui viennent caler ces pièces d’armure à sa ceinture.

Hésitation…

Avec une finesse et une attention toute particulière, les doigts sans jamais toucher les toiles redessinent les courbes et les lignes… Djaal penche la tête, à droite, à gauche… Puis finalement se décide.

Ses mains dures et précises viennent soulever le lourd heaume aux cornes de Dragon. Des cheveux noirs ébène en retombent alors en une longue queue de cheval maintenue par un catoban pourpre, il encadre un visage aux formes carrés à la hauteur de la stature du guerrier, un nez aquilin, des pommes saillantes, un menton dur et marqué, un visage sombre et buriné, un longue cicatrice sur le front saillan à l’horizon du sourcil gauche et un regard… un lourd et brûlant regard rougeoyant de ceux que personne ne souhaite rencontrer la nuit au détour d’un chemin… et pourtant un regard emprunt d’une lente mélancolie… Tel apparaît le visage du Saigneur Djaal, tracé à la cerpe mais néanmoins agréable, froid et austère mais néanmoins attirant.

Il peut alors mieux observer la qualité des esquisses et des toiles… et s’y perdre de longues minutes

« Messire, vous avez là des œuvres exceptionnelles… L’île de Beldera ne peut qu’apprécier à sa juste beauté, l’honneur de votre présence… Vous pardonnerez je l’espère le rustre qui se permet de se présenter à vous, je ne vous importunerais pas longtemps… Mes frères et sœurs sur cette île seront sans nul doute plus courtois et de meilleure compagnie… Mais je n’ai pu m’empêcher avant de repartir vers les Terres du Nord, de m’offrir la chance de m’émerveiller devant vos œuvres… Encore Bienvenue. »